Parfois espéré, souvent attendu : l’ascenseur social est lent pour ne pas dire en panne. Les enfants d’ouvriers et d’employés ont 5 et 15 fois moins de probabilité que les enfants de classes socioprofessionnelles supérieures d’intégrer une grande école. Cet écart devient abyssal lorsque l’un des parents a lui-même fait une grande école*. Ce manque d’équité nous donne le vertige autant qu’il nous révolte.

Face à ce constat, nous, étudiants de grandes écoles cherchons à parler à cette jeunesse qui n’a pas d’accès privilégié au capital culturel valorisé par les milieux universitaires et professionnels. Réunis au sein de l’Association La Grande Tribune, nous souhaitons susciter chez cette jeunesse un excès de curiosité. C’est pourquoi, nous organisons une journée de conférences avec un objectif double : éveiller leur curiosité, élargir leurs connaissances grâce aux échanges avec les intellectuels, artistes et dirigeants présents. Mais, aussi et surtout, en leur permettant de pallier l’asymétrie d’information dont ils sont victimes en faisant connaître nos écoles. Dès l’entrée au lycée, nous voulons qu’ils sachent que ces écoles ne sont pas réservées à une élite intimiste mais que tout un chacun peut y entrer à condition qu’il bénéficie des mêmes informations que son camarade le plus favorisé.

Notre objectif ne se limite pas à leur donner les clés pour intégrer les études auxquelles ils aspirent. En effet, le second constat que nous avons dressé est que cette jeunesse se désintéresse de la chose publique. Désabusée par l’offre politique qui ne prend pas en compte ses aspirations, par les inégalités, par les crises et empêchée par un système où le réseau familial et les connaissances interpersonnelles sont devenues un prérequis pour s’engager, cette jeunesse n’ose plus s’engager.

Notre dessein, avec cette journée de conférences, est de leur faire adopter un nouveau regard sur la société, un regard où le manichéisme n’est pas la norme, un regard qui recherche la nuance, la polyphonie, si indispensables pour décrypter les enjeux de notre société toujours plus complexe. Forts de ce nouveau regard, nous souhaitons leur donner l’envie ou plutôt, leur redonner l’envie de devenir des acteurs à part entière dans la construction de la société d’aujourd’hui et de demain.

Nous travaillons au quotidien pour faire de ces jeunes des moteurs de la société et de sa transformation, car nous sommes convaincus de leur richesse et nous nous battons pour l’égalité des chances.

* Source : Institut des politiques publiques, 2021 ;
Stéphane Benveniste, 2021 ; European sociological review, 2018